Ce chemin parcouru
“Regarde le chemin parcouru, Caro” …
Petite phrase glissée au détour d’une dune il y a quelques jours. Se retourner, quelques instants, et, pour une fois, ne pas focaliser sur les pistes d’amélioration mais sur ce qui a eu le mérite d’être accompli, même, surtout, de façon imparfaite, et les multiples apprentissages qui en ont découlé.
Déjà un an depuis ce premier voyage dans le désert marocain, cette victoire à un concours de discours grâce à “l’horloge et le cœur”, cette première conférence publique “Aux enfants terribles” où vous étiez si nombreux à nous soutenir et le lancement officiel de la Poulpe Connexion suite à la sortie de mon premier roman “J’en parlerai à mon poulpe”.
Puis s’en suivent d’autres conférences, le privilège d’inaugurer le Curiosity Club de Montréal, ville où j’habite enfin, et ce jour où je deviens officiellement “Conférencière professionnelle” puisque rémunérée pour mon intervention.
Moi, “Caroline la bavarde”, le vrai moulin à parole, celle qui parle tout le temps, qui selon les autres “adore parler”, aujourd’hui, on me paie pour m’écouter !
Ne vous y trompez pas, ce n’est pas parler que j’adore, c’est partager, cela n’a rien à voir !
La parole est le média, j’en ai depuis découvert d’autres comme l’écriture… d’un chapitre, d’articles ou posts, d’un roman… C’est la transmission qui compte, notamment de l’espoir.
Enfin, pour clôturer cette année, dans le cadre de la poulpe connexion, j’ai réalisé l’un de mes rêves : amener des pionnières dans mon île natale pour les aider à retrouver leur cap, en leur faisant découvrir les concepts de la thérapie ACT dans des paysages à couper le souffle, paysages choisis judicieusement pour appuyer les concepts à découvrir. Un grand moment de connexion.
Tout ça, c’est pour la partie “faire”, les réalisations “ visibles” accomplies seule ou en partenariat.
Et puis, il y a tout le reste… Les montagnes russes émotionnelles, les doutes, les pleurs, les chutes libres suite à des trahisons, des faux pas, des gamelles, des engueulades, encore des doutes, en soi, en les autres, des remises en question, des envies de se cacher, de disparaître au fond d’un trou, de ne plus voir ni parler à personne, vouloir se protéger à tout prix, ne plus souffrir, ne plus être exposée aux autres tellement ça fait mal, vouloir tout arrêter, ne plus trouver de sens alors qu’on se targue d’aider les autres à en retrouver… Comment peut-on accompagner des personnes à retrouver leur cap quand on a soi-même perdu le sien ? Ou transmettre comment repérer, se protéger, éviter les manipulateurs quand je me suis fait avoir comme une bleue ?
Le syndrome de l'imposteur s’invite, m’appuie encore plus sur la tête sous l’eau pour être sûr de me noyer, je ne suis plus sûre d’avoir la force de résister, j’en peux plus de me battre, de grandir de mon passé, laissez-moi tranquille, laissez-moi couler.
Une main tendue, lumineuse pour deux, une main qui me dit: “NON, NON, n’abandonne pas ! Même si c’est difficile, même si ça fait un mal de chien, regarde, regarde tout ce que tu as su faire et surtout regarde qui tu es… Prends ton temps, appuie-toi sur moi, ensemble on va y arriver…”
Je vous assure que ça aurait été tellement plus facile et tentant de me réfugier dans ma zone de confort, de ne plus m’exposer, de me dire que j’avais assez donné comme ça.
Mais ce serait renier qui je suis au fond de moi, celle qui justement adore non pas parler mais partager. Cachée au fin fond de mon trou, je n’aurais pas partagé grand-chose, je n’aurais pas mis à profit ma passion pour la psychologie, ces nombreuses, très nombreuses années d’études, ces 35 formations complémentaires… Oui, je sais, c’est ce qui s’appelle une passion !
Au cœur de la tourmente, j’ai pensé à partager uniquement en écrivant des romans ou livres de psycho, ça au moins, ça ne m’exposait plus aux autres.
Mais ma lumière, mon envie de faire de la haute couture, d’accompagner les personnes à trouver LA solution qui leur convienne, pas une recette à appliquer à tous, m’ont rappelé que cette transmission là, ce rôle de catalyseur, ne peut se faire qu’en tête à tête, dans des moments de partages et de connexion.
Quand on est thérapeute, quand l’autre nous tient vraiment à cœur, on ne peut pas vraiment se résigner à impacter de loin, sans se mouiller. Alors, on ressort, plus solide et vulnérable qu’avant, faisant preuve de courage parce que sinon, cela ne ferait aucun sens.
J’avoue, je ne fonce plus tête baissée, j’évite de sauter à l’eau sans évaluer les risques, j’ai appris à me protéger, même si je sais que le risque 0 n’existe pas.
Alors oui, je sais que je reprendrai quelques coups, que ça fait partie de la vie, que je sais me relever… Je sais surtout que si par peur des coups durs, j’arrête de suivre ma passion, alors, j’aurais doublement perdu. Et s’il y a bien une chose que j’ai apprise grâce à ACT, c’est que la seule façon dont je veux vivre ma vie, c’est en accord et vers mes valeurs, certainement pas en réaction à mes peurs et mes douleurs.
Alors comme le disait si bien Nelson Mandela, “ne me jugez pas sur mes succès, jugez-moi sur le nombre de fois où je suis tombé et où je me suis relevé à nouveau”.